Saviez-vous que près de 75% de la population ne bénéficie pas d'une occlusion dentaire idéale ?
Qu'elle soit due à des malpositions dentaires, des problèmes squelettiques ou des défauts mécaniques, la malocclusion est un trouble fréquent qui, s'il n'est pas pris en charge, peut engendrer de nombreuses complications.
Douleurs, problèmes posturaux, troubles de la mastication... les conséquences d'une mauvaise occlusion sont multiples et ne doivent pas être négligées.
Pourtant, beaucoup ignorent encore l'importance d'un diagnostic précoce et d'un traitement adapté.
Dans ce guide, nous vous expliquons tout ce qu'il faut savoir sur les différents types de malocclusion, leurs symptômes, leurs causes et les solutions thérapeutiques existantes.
Prêts à en savoir plus sur cet enjeu majeur de santé bucco-dentaire ? C'est parti !
Qu'est-ce qu'une malocclusion dentaire ?
L'occlusion dentaire désigne la manière dont les dents supérieures et inférieures s'engrènent lorsque l'on ferme la bouche. Cet engrènement, qui se produit de manière inconsciente à chaque déglutition (800 fois par jour en moyenne !), met en jeu un système complexe de forces, réparties de manière équilibrée sur l'ensemble des dents.
L'occlusion idéale
Dans une occlusion normale, les cuspides (petites pointes) des molaires et prémolaires supérieures viennent se loger entre celles des dents inférieures, un peu à la manière des dents d'un engrenage. Parallèlement, les incisives supérieures recouvrent les incisives inférieures sur environ un tiers de leur hauteur. C'est ce que l'on appelle l'occlusion maximale ou intercuspidation maximale.
Au repos, les dents ne sont normalement pas en contact : la mâchoire inférieure est légèrement décrochée vers le bas et vers l'avant, maintenue en place par l'action des muscles masticateurs. Cette position de repos intermittente est essentielle pour soulager les structures articulaires et dentaires fortement sollicitées pendant la mastication.
Quand parle-t-on de malocclusion ?
On parle de malocclusion lorsque les dents supérieures et inférieures ne s'engrènent pas correctement, soit au niveau des molaires et prémolaires (absence de contact, décalage des cuspides...), soit au niveau des incisives (chevauchement, espacement, proalvéolie...).
Ces défauts d'alignement peuvent être d'origine dentaire (malposition d'une ou plusieurs dents), squelettique (décalage entre les mâchoires) ou fonctionnelle (trouble de la déglutition, parafonction...).
Si certaines malocclusions mineures n'ont que peu d'impact sur la mastication et la phonation, d'autres peuvent entraîner de véritables troubles fonctionnels et esthétiques, nécessitant une prise en charge orthodontique adaptée.
Quels sont les différents types de malocclusion ?
La classification d'Angle
De nombreuses classifications des malocclusions ont été proposées, mais la plus utilisée reste celle d'Edward Angle, basée sur la position des premières molaires et le sens du décalage entre les arcades dentaires. Elle distingue 3 grands types d'anomalies :
- Classe I : occlusion normale des premières molaires mais malposition dentaire (chevauchement, rotation, espacement...)
- Classe II : occlusion distale, avec des molaires inférieures positionnées en arrière des molaires supérieures. On parle de rétro-mandibulie ou rétro-gnathie. La classe II se subdivise en deux catégories :
- Division 1 : incisives supérieures projetées vers l'avant (proalvéolie)
- Division 2 : incisives supérieures inclinées vers l'arrière (rétro-alvéolie)
- Classe III : occlusion mésiale, avec des molaires inférieures positionnées en avant des molaires supérieures. On parle de pro-mandibulie ou pro-gnathie.
Type de malocclusion | Position des molaires | Position des incisives |
---|---|---|
Classe I | Normale | Variable (chevauchement, rotation, espacement...) |
Classe II division 1 | Distale | Projetées vers l'avant (proalvéolie) |
Classe II division 2 | Distale | Inclinées vers l'arrière (rétro-alvéolie) |
Classe III | Mésiale | Variable |
Autres types de malocclusion
Au-delà du sens sagittal, les malocclusions peuvent également concerner le sens vertical ou transversal :
- Surplomb incisif augmenté ou diminué (supraclusion, béance)
- Occlusion croisée antérieure ou postérieure (articulé inversé d'une ou plusieurs dents)
- Occlusion croisée bilatérale (endognathie maxillaire)
Enfin, au niveau dentaire, on peut observer des anomalies de forme, de nombre ou de position :
- Rotation (dent pivotée sur son axe)
- Version (dent basculée vers l'avant ou l'arrière)
- Egression (dent sortie de son alvéole)
- Ingression (dent enfoncée dans son alvéole)
- Inclusion (dent retenue dans l'os)
- Agénésie (absence de dent)
Quelles sont les causes des malocclusions ?
Les malocclusions dentaires peuvent avoir des origines très variées, parfois intriquées :
- Causes génétiques
- Anomalies de taille ou de forme des mâchoires (micromandibulie, prognathisme...)
- Anomalies dento-alvéolaires (inclusions, agénésies, dents surnuméraires...)
- Causes fonctionnelles
- Ventilation buccale (respiration par la bouche)
- Déglutition atypique (persistance de la déglutition infantile)
- Troubles de la phonation
- Parafonctions (succion du pouce, bruxisme, onychophagie...)
- Causes locales
- Perte prématurée de dents temporaires
- Extraction de dents permanentes
- Obstacles sur le chemin de l'éruption (dents surnuméraires, odontomes...)
- Causes iatrogènes
- Prothèses ou couronnes mal adaptées
- Traitement orthodontique inadéquat
Quelles sont les conséquences des malocclusions sur la santé ?
Loin de se limiter à un simple problème esthétique, les malocclusions dentaires peuvent avoir des répercussions importantes sur la santé bucco-dentaire, mais aussi sur la santé générale :
Conséquences bucco-dentaires
- Usure prématurée des dents en cas de malposition ou de parafonction
- Difficulté d'hygiène et risque accru de caries et de maladies parodontales
- Perte de dents par déchaussement ou fracture
Conséquences fonctionnelles
- Troubles de la mastication pouvant entraîner des problèmes digestifs
- Troubles de la déglutition et de la phonation
- Dysfonctionnement de l'articulation temporo-mandibulaire (ATM)
- Douleurs et craquements articulaires
Conséquences posturales
- Déséquilibre des chaînes musculaires cervicales et dorso-lombaires
- Troubles de la posture : antéposition de la tête, asymétrie des épaules, scoliose...
- Douleurs chroniques : cervicalgies, dorsalgies, lombalgies...
Conséquences respiratoires
- Respiration buccale
- Ronflements et apnées du sommeil
Conséquences psychologiques
- Perte de confiance en soi
- Altération de l'image de soi
- Difficultés relationnelles
Comment diagnostiquer une malocclusion ?
Le diagnostic d'une malocclusion repose sur un examen clinique minutieux, complété par des examens radiologiques et des moulages d'étude :
- Examen clinique
- Examen des dents : malpositions, malformations, absence ou surnombre
- Examen des mâchoires : forme, taille, symétrie, occlusion
- Examen des tissus mous : langue, lèvres, joues
- Examen des fonctions : respiration, déglutition, phonation, mastication
- Examens radiologiques
- Panoramique dentaire
- Téléradiographie de profil
- Imagerie 3D (cone beam)
- Moulages et modèles d'étude
- Empreintes des arcades dentaires
- Réalisation de moulages en plâtre
- Montage des modèles sur articulateur
Au terme de ce bilan, l'orthodontiste ou le chirurgien-dentiste pourra poser un diagnostic précis et proposer un plan de traitement personnalisé.
Quelles sont les options thérapeutiques ?
Le choix du traitement dépendra du type de malocclusion, de sa sévérité, de l'âge du patient et de sa coopération. Différentes options, parfois complémentaires, peuvent être envisagées :
Traitements orthodontiques
- Technique conventionnelle (bagues)
- Bagues métalliques scellées sur les dents
- Arc en métal reliant les bagues entre elles
- Durée moyenne : 1 à 3 ans
- Technique linguale
- Bagues et arc placés sur la face interne des dents
- Appareil totalement invisible de l'extérieur
- Durée moyenne : 1 à 3 ans
- Gouttières transparentes
- Série de gouttières amovibles en plastique transparent
- A changer toutes les 2 semaines environ
- Durée moyenne : 6 à 24 mois
Traitements orthopédiques
Réservés aux enfants et adolescents en croissance, ces appareils visent à corriger les décalages squelettiques et à guider la croissance des mâchoires :
- Activateur ou bielle de Herbst
- Appareil amovible à porter la nuit
- Stimule la croissance de la mandibule
- Indiqué dans les classes II
- Masque de Delaire
- Masque facial relié à un appareil intra-oral
- Porté 12 à 14h/jour pendant 3 à 6 mois
- Indiqué dans les classes III
- Disjoncteur palatin
- Appareil fixe collé sur les molaires supérieures
- Activation par vis d'expansion 1 à 2 fois/jour
- Indiqué en cas d'endognathie maxillaire
Traitements chirurgicaux
Lorsque la croissance est terminée et que la malocclusion est trop sévère pour être corrigée par l'orthodontie seule, une intervention chirurgicale peut être nécessaire :
- Chirurgie orthognathique
- Ostéotomies de repositionnement des mâchoires
- Fixation par plaques et vis en titane
- Indiquée dans les décalages squelettiques importants
Quel est le rôle des soins adjuvants ?
En complément des traitements orthodontiques et chirurgicaux, d'autres approches peuvent être proposées pour optimiser les résultats et prévenir les récidives :
- Rééducation fonctionnelle
- Exercices de rééducation linguale et labiale
- Correction des troubles de la ventilation et de la déglutition
- Réalisée par un(e) orthophoniste ou un(e) kinésithérapeute maxillo-facial(e)
- Traitements ostéopathiques
- Techniques de rééquilibration crânio-faciale
- Correction des dysfonctionnements de l'ATM
- Harmonisation des chaînes musculaires posturales
- Gouttières occlusales
- Gouttières en résine dure portées la nuit
- Protection contre l'usure et le bruxisme
- Soulagement des douleurs articulaires et musculaires
Conclusion
Qu'elles soient d'origine dentaire, fonctionnelle ou squelettique, les malocclusions sont des anomalies fréquentes qui peuvent avoir un impact significatif sur la santé bucco-dentaire, mais aussi sur le bien-être général et la qualité de vie. Loin de se limiter à un simple problème esthétique, elles doivent faire l'objet d'un dépistage et d'une prise en charge précoces pour éviter l'aggravation des troubles et optimiser les résultats thérapeutiques.
Grâce aux progrès de l'orthodontie et de la chirurgie maxillo-faciale, il existe aujourd'hui de nombreuses solutions pour corriger les malocclusions, quel que soit l'âge du patient. Du simple alignement dentaire par gouttières transparentes à la chirurgie orthognathique pour les cas les plus complexes, en passant par les appareils fixes ou linguaux, les options sont multiples et de plus en plus performantes.
Mais le succès du traitement repose aussi sur une coopération étroite entre le patient, l'orthodontiste et les différents intervenants de santé. Un suivi régulier, une hygiène irréprochable et le port assidu des appareils sont indispensables pour garantir des résultats stables et durables dans le temps.
Si vous pensez être concerné(e) par une malocclusion, n'hésitez pas à consulter votre dentiste ou votre orthodontiste pour un bilan complet. Un diagnostic précis et une prise en charge adaptée vous permettront de retrouver non seulement un beau sourire, mais aussi une meilleure santé bucco-dentaire et un équilibre global de votre corps. Alors, prêt(e) à sauter le pas ?
FAQ
Qu'est-ce qu'une malocclusion dentaire ?
Une malocclusion dentaire est un défaut d'alignement ou d'engrènement entre les dents supérieures et inférieures lorsque la bouche est fermée. Elle peut concerner les dents, les mâchoires ou les deux à la fois.
Quels sont les différents types de malocclusion ?
Les principales malocclusions sont les classes I (malpositions dentaires sur une occlusion normale), II (occlusion distale avec rétro-mandibulie) et III (occlusion mésiale avec pro-mandibulie) d'Angle. D'autres anomalies peuvent concerner le sens vertical (béance, supraclusion) ou transversal (occlusion croisée).
Quelles sont les causes d'une malocclusion ?
Les malocclusions peuvent avoir des origines génétiques (anomalies de taille ou de forme des mâchoires, des dents), fonctionnelles (ventilation buccale, déglutition atypique, parafonctions), locales (perte de dents, obstacles à l'éruption) ou iatrogènes (prothèses mal adaptées, traitement orthodontique inadéquat).
Quelles sont les conséquences d'une malocclusion non traitée ?
En l'absence de traitement, une malocclusion peut entraîner une usure prématurée des dents, des difficultés d'hygiène avec un risque accru de caries et de maladies parodontales, des troubles de la mastication, de la déglutition et de la phonation, des douleurs articulaires (ATM), des problèmes posturaux et des répercussions psychologiques (perte de confiance en soi, altération de l'image de soi).
Quelles sont les options thérapeutiques pour corriger une malocclusion ?
Le traitement d'une malocclusion repose principalement sur l'orthodontie (bagues, gouttières, appareil lingual) pour les anomalies dentaires, l'orthopédie dento-faciale (activateur, masque de Delaire, disjoncteur) pour les décalages squelettiques chez l'enfant, et la chirurgie orthognathique pour les cas les plus sévères chez l'adulte. Des soins adjuvants (rééducation fonctionnelle, ostéopathie, gouttière occlusale) peuvent compléter la prise en charge.
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